Conférence avec Yan Warcholinski

Publié par Sabrina
Le 24/11/2021

CONFÉRENCE SUR LES VIOLENCES SEXISTES ET SEXUELLES :

Retour sur les propos de Yan Warcholinski

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Le mercredi 26 octobre, nous avons eu l’honneur de recevoir Monsieur Yan Warcholinski, philosophe et doctorant à l’université Paris VIII. Il est également l’auteur de deux livres : le Manifeste de la gravité du viol et La désaggravation du viol, ou l’ignorance de la gravité sexuelle. En parallèle de ses recherches qui visent à comprendre pourquoi la gravité du viol est si souvent éludée, il donne également une « conférence gesticulée » sur cette même thématique. Nous avons donc non seulement assisté mais aussi mis en place une de ces conférences au sein de l’université. 

 

Yan Warcholinski part d’un constat simple : il y a, dans notre société, une certaine désaggravation du viol. Cela ressort de nombreux témoignages de victimes, qui rapportent par exemple qu’on leur demande comment elles étaient habillées au moment de l’agression, si elles sont sures que cela soit bien arrivé, ou encore en leur disant simplement qu’après tout, « il n’y a pas mort d’homme ». Face à ce constat, Yan Warcholinski nous a invité à déconstruire ce que nous considérons comme constitutif de la gravité d’un viol. Lorsque l’on pense à ce type d’agressions, on a tendance à penser que la gravité de cet acte découle directement du fait qu’il soit contraint, autrement dit, de l’absence de consentement. C’est d’ailleurs précisément par la présence d’une contrainte que se définit le viol dans le Code pénal. Pourtant, c’est une définition du viol qui n’a pas satisfait notre invité, qui nous a donc enjoint, entre deux gesticulations, à compléter avec lui cette définition. Pour lui, la gravité du viol vient du fait que le viol, en plus d’être contraint, représente une violation de notre « frontière corporelle », qui est un concept qui lui est propre. Pour lui, cette frontière corporelle est un organe essentiel de notre psychisme, au même titre qu’un poumon ou qu’un rein seraient des organes essentiels de notre corps. Nous construisons cette barrière tout au long de l’enfance, et chacun d’entre nous a déjà ne serait-ce que pressenti son existence. Par exemple, lorsque quelqu’un s’approche un peu trop près de nous pour nous parler et que nous avons instinctivement ce petit mouvement de recul, de surprise. Nous sommes surpris précisément car cette personne pénètre cette frontière corporelle, et, dans le cadre du viol, ce n’est pas que la contrainte physique qui est grave, mais aussi la violation de cette frontière corporelle. Elle existe parce que, parmi nos besoins vitaux, nous avons le désir d’avoir de la valeur, d’être reconnu par autrui. Ainsi, dans le viol, il y a infériorisation puisque précisément le bris de cette frontière par l’agresseur signifie que pour lui, sa victime a une valeur inférieure. L’essence même de la violence, c’est cette non-reconnaissance de notre valeur, dont nous avons pourtant besoin qu’elle soit reconnue, au même titre que nous avons des besoins corporels vitaux comme manger ou boire. Cela explique la perte d’estime d’elles-mêmes que les victimes peuvent subir après une telle agression.  

 

Tout l’enjeu est faire monter ce concept de frontière corporelle à la vie juridique, à faire reconnaître par le droit une forme de gravité psychique au viol, et pas seulement la gravité ressortant de la pénétration sexuelle forcée, ce que Yan Warcholinski cherche à défendre dans ces livres, et ses conférences gesticulées, dont nous vous invitons à regarder la rediffusion via notre chaine youtube : https://www.youtube.com/watch?v=fIS5zo6gEFo