EDA #7 - Suzanne Dubois (Master 1&2 et Prépa ENM)

Publié par Sabrina
Le 15/01/2022
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Perdu dans votre orientation ? Vous n’avez pas d’idée de master, vous ne savez pas quoi faire après la double licence ? Ou vous avez des idées sans savoir précisément de quoi il en ressort ? L’ADPH sort une série d'articles sur l’orientation des anciens droits-philos pour répondre à toutes vos questions.

 

Aujourd'hui, c'est Suzanne Dubois, de la promotion 2018, qui a accepté de répondre à nos questions.

Peux-tu nous présenter ton parcours ? 

 

J’ai un parcours un peu compliqué. Après un bac général scientifique, j’ai passé ma L1 à Grenoble en double licence de droit, administration et politique internationales et de langues étrangères appliquées, qui était dès le second semestre orientée vers le droit public. Or, je me suis vite aperçue que je préférais le droit privé et j’avais alors déjà l’idée de tenter la magistrature. J’ai donc cherché une formation plus adaptée à mon projet professionnel et j’ai candidaté pour la double licence de droit-philo que j’ai rejointe directement en 2ème année. Je n’ai pas trop eu de difficultés à raccrocher les wagons en philo, car on revoyait encore bien la méthodologie en L2.  En L3, je me suis spécialisée en droit privé. Puis, là où mon parcours diffère du vôtre, c’est que j’ai connu la sélection en M2 et non en M1. J’ai fait le M1 droit privé judiciaire de Lyon 3 et le M2 Justice et droit du procès d’Assas à Paris. En 2021, j’ai suivi la prépa de Sciences Po Paris au concours d’entrée à l’ENM, dont j’ai bien réussi les épreuves écrites, mais moins bien les oraux. Je reprends donc aujourd’hui la prépa pour une nouvelle tentative.

 

Peux-tu nous présenter ton master ? 

 

Comme l’ancien système le prévoyait, j’ai automatiquement été admise en master 1 à Lyon 3. Il n’y en avait qu’un seul en droit privé : le master droit privé judiciaire. À la fin de ce M1 général et commun, il fallait candidater aux M2 plus spécialisés. 
J’avais essayé de rejoindre d’autres facs au moment du M1 : Bordeaux, la Sorbonne, Assas (en fonction des IEJ qui avaient les meilleurs résultats à l’ENM) ainsi que le master carrières judiciaires de Sciences Po Paris. J’ai seulement été prise à la Sorbonne et à Bordeaux et comme les résultats de leur IEJ étaient proches de celui de Lyon (et qu’une place en M2 là-bas n’était pas pour autant garantie), j’ai finalement préféré rester à Lyon, entourée de mes proches pendant cette année décisive de master 1. J’ai eu la chance d’avoir de bons résultats en M1, notamment à l’épreuve du grand écrit où j’ai obtenu la note de 17, ce qui m’a permis d’être acceptée à Assas en master 2 Justice et droit du procès (dirigée par Cécile Chainais), centré sur le droit processuel et la culture juridique et judiciaire. C’était très intéressant malgré le fait que l’année ait été écourtée par la pandémie. J’y ai rédigé un mémoire sur la responsabilité du juge face à l’urgence climatique à l’aune de l’affaire des décrocheurs de portrait présidentiel. 

 

Peux-tu nous en dire plus sur la prépa ENM de Sciences Po ? 

 

Mon master à Assas m’a permis d’accéder facilement à la prépa de Sciences Po qui a pris une bonne partie de ma promo (attention à candidater dès l’ouverture car la prépa n’attend pas la clôture pour accepter les candidatures). Pour préparer l'ENM, il y a aussi les IEJ (qui sont les prépas organisées par la fac). Mais d'après certains de la prépa qui ont fait les deux, celle de Sciences Po est quand même plus efficace (les cours en IEJ pouvant rester trop universitaires). J’ai effectivement trouvé que cette prépa était très bonne du point de vue de la méthodologie et des « plans type ».
Cependant, elle est plus chère et ses résultats ont baissé cette année (c'est maintenant plutôt 35% de réussite que les 50% initiaux). J’ai de plus vraiment été déçue par la préparation des oraux qui ne proposait aucun entraînement aux oraux techniques et seulement un au grand oral. Certains IEJ y préparent mieux. 
Il y a dans l’ensemble un mouvement d’amélioration des IEJ.  Par exemple, Assas a ouvert cette année un DU Carrières judiciaires ajoutant aux cours de l’IEJ des khôlles régulières à la manière des classes préparatoires. La promesse de réussite que Sciences Po pouvait représenter a perdu de son éclat mais y être m’a toutefois beaucoup aidé à me rassurer (du point de vue de la confiance en moi).

 

Était-ce ton objectif initial d’aller en droit, ou as-tu hésité à t'orienter dans la philosophie ? 

 

Globalement, je ne me sentais pas assez douée et passionnée par la philosophie en général pour me lancer dans des concours comme le CAPES et l’agrégation, vu leur grande difficulté. Et puis, l’idée de la magistrature était bien plantée dans ma tête. Mais j’ai pu parfois me poser la question car il m’est arrivé d’en avoir marre du droit et l’ENM m’a souvent semblé inaccessible quand mes notes n’étaient pas terribles. J’ai eu l’envie de devenir prof de français ou encore institutrice, directrice d’école… (c’est toujours dans un coin de ma tête pour un jour peut-être).  Je pense que c’est normal d’avoir ces doutes au cours d’études longues (pas toujours palpitantes et souvent stressantes) comme les études de droit. Le moral aime faire des montagnes russes.

 

Quelle différence la majeure entre la licence et le M1 ? 

 

Le M1 n’était pas facile mais il était moins chargé que la double-licence. Cela dit, là encore mon expérience diffère de la vôtre en ce que nous devions travailler dur en M1 pour espérer avoir le M2 de notre choix tandis qu’aujourd’hui, cette pression est surtout en licence. Une fois la sélection passée, j’ai beaucoup plus profité du M2. 

Mon M1 était de plus très juridique et nos fins de semaine philosophiques m’ont bien manquées ! 

 

Comment as-tu vécu la période de sélection en master ? 

 

Je suis arrivée en M1 assez inquiète pour le M2 mais les notes de mon premier semestre m’ont rassurée.  Une fois encore, j’ai demandé les facs parisiennes (Paris 1 et 2), Lyon et Bordeaux. J’avais toujours quelques incertitudes, quelques peurs de ne pas être prise, même à Lyon, car on ne sait pas vraiment à quel point notre dossier est intéressant comparé à celui des autres. Je craignais surtout le niveau des étudiants parisiens qui candidateraient aussi à Lyon. 

Finalement, ça s’est bien passé, je ne m’attendais pas du tout à être prise à Assas ! J’avais aussi été prise à Lyon. 

 

Quelle était ta moyenne générale en licence ? 

 

J’ai eu 13,62 en droit et 13,68 en philosophie (puis généralement, les moyennes montent avec les années : 14,25 en M1 et 15 en M2).  

 

Quels avantages retires-tu d’avoir fait la double licence ? 

 

La philo m’a permis d’avoir plus de recul, de développer une réflexion plus approfondie et conceptuelle en dissertation, par exemple lors du grand écrit de M1, mais aussi lors de la rédaction de mon mémoire ou encore au concours de l’ENM, notamment pour l’épreuve de culture générale où certaines références philosophiques me sont revenues et m’ont permis d’obtenir une très bonne note. La dialectique est utile pour toute réflexion, toute prise de décision (le droit est souvent plus complexe qu’un simple syllogisme !).  

 

As-tu trouvé une bonne cohésion en master ? 

 

En Master 1, pas vraiment, puisqu’il n’y avait pas de sélection et c’était un master commun, donc nous étions environ 400. Ce n’était pas comme la promo de droit-philo où nous étions une vingtaine et où c’était plus facile de faire des soirées, tous se connaître, etc. Ça doit être différent pour vous qui allez être en effectifs plus réduits en M1. 

En Master 2, on était une petite classe de 28 alors la cohésion était très bonne : on a pu faire des week-ends et des soirées (avant que le covid n’y mette fin prématurément…).

 

As-tu un conseil à donner pour les étudiants actuels ? 

 

Faites de nombreuses candidatures en master, parce qu’on ne sait jamais comment cela va se passer (mais sans tomber dans la psychose non plus !). C’est fastidieux à faire mais c’est mieux que de se retrouver sans master. N’hésitez pas à faire relire vos CV/ lettres de motivation par vos parents ou vos amis. 

Lisez, écoutez des émissions sur France culture par exemple, intéressez-vous aux problématiques du monde actuel. Si vous avez le temps, faites-le, par exemple l’été, sans que ce ne soit forcément ennuyeux ! Une fois en prépa pour un concours ou un examen, on n’a plus beaucoup de temps pour acquérir des références. Cela évite d’avoir à citer des livres qu’on n’a pas lus. 

Si vous avez le temps, et que vous envisagez par exemple l’ENM, faites-vous des petites fiches, un petit récapitulatif de vos cours de philo tant qu’ils sont encore frais… Je ne l’ai pas vraiment fait et ça aurait pu m’être très utile pour les concours.  

Enfin, gardez courage dans votre parcours ! Il n'est pas facile, il y a souvent des hauts et des bas, des changements d’orientation, des imprévus mais la persévérance est toujours récompensée d'une manière ou d'une autre. N'hésitez pas à aller voir des audiences au tribunal et faire des stages même petits (le BAIP peut vous délivrer une convention pour une ou deux semaines à titre exceptionnel), pour affermir vos choix, voir d'autres possibilités de métiers. Cela vous aidera tant pour garder la motivation que pour améliorer vos dossiers. 

POUR CONTACTER SUZANNE : 

N'hésitez surtout pas à la contacter par mail pour toutes informations supplémentaires, ou la moindre question : duboisuzanne@gmail.com