EDA #9 - Marguerite Lusseau, Master droit social

Perdu dans votre orientation ? Vous n’avez pas d’idée de master, vous ne savez pas quoi faire après la double licence ? Ou vous avez des idées sans savoir précisément de quoi il en ressort ? L’ADPH sort une série d'articles sur l’orientation des anciens droits-philos pour répondre à toutes vos questions.

Aujourd'hui, c'est Marguerite Lusseau de la promotion 2019, qui a accepté de répondre à nos questions.

Peux-tu nous présenter ton parcours ? 

Après un bac L, j’ai fait une année de prépa pour entrer à Sciences Po, concours que je n’ai pas réussi. Je me suis inscrite en procédure complémentaire en double licence droit /philo à Lyon 3. 

Peux-tu nous parler plus précisément de ton master ?

Après la double licence, je poursuis en M1 Droit social à l’Institut d’Etudes du Travail de Lyon (IETL) dépendant de Lyon 2, puis en M2 Juriste en droit social et en ingénierie sociale en alternance à la Direction juridique du groupe Adecco. 

Était-ce ton objectif initial était d’aller en master de droit, ou as-tu hésité à t'orienter dans la philosophie ?

Mon objectif initial a toujours été d’aller en droit, je voyais la philosophie comme un + et comme une matière qui allait m’apporter de la culture générale et une certaine liberté comparée à la rigueur du droit. 

Quelles différences majeures as-tu remarquées entre la licence et le master ? 

La différence majeure a été la spécialisation puisque la licence reste générale et chaque cours est très différent. En master, on reste sur des matières proches et tous les cours sont liés entre eux, on devient des experts avec une connaissance pointue d’une matière plus restreinte.
J’ai trouvé le master plus simple que la double licence en termes de difficultés et de charge de travail. 

Comment as-tu vécu la période de sélection en master ? 

J’étais assez confiante sur au minimum ma certitude d’être prise à Lyon 3, ce qui m’allait très bien. J’ai quand même multiplié les candidatures, à Lyon et ailleurs, environ une dizaine et j’ai bien travaillé chaque candidature en mettant l’accent sur la rigueur que m’a appris la double licence. 
Les résultats sont arrivés au fur et à mesure, et j’ai finalement été prise partout (y compris facs Parisiennes). La double licence y est, de manière certaine, pour quelque chose car elle est synonyme de travail et de sérieux, d’ouverture d’esprit, d’excellence. N’hésitez pas à mettre en avant cette expérience qui reste assez rare et qui fait la différence. 

Quelle était ta moyenne générale en licence ? 

Environ 12,5 en droit et en philo. De très bonnes notes en droit du travail. 

As-tu trouvé une bonne cohésion en master ? 

J’étais dans un master avec une super ambiance, je recommande l’Institut d’Etudes du Travail de Lyon (IETL) pour le droit social qui pratique la pédagogie inversée (les élèves préparent les cours en amont). Malheureusement le covid a bouleversé ces deux ans. 

Quels avantages retires-tu d’avoir fait la double licence ? 

Un accès facilité aux masters si on arrive à bien mettre en avant les enseignements de la double licence, en termes de connaissance mais aussi de travail, rigueur, excellence. 
Et aussi une vraie ouverture d’esprit et des qualités rédactionnelles importantes. 

 
Qu’est ce qui t’as décidé à devenir juriste ?

L’attrait pour la rigueur du droit. Le droit du travail est un droit vivant, en constante évolution, et c’est un droit humain, on fait partie des Ressources humaines et on est au plus près des salariés et des managers, on fait vraiment la différence dans la vie des salariés.

Peux-tu nous décrire ton métier et en quoi il consiste (travail, horaires, etc) ?

Je suis actuellement en poste en tant que Responsable juridique social en CDI au Groupe SOS Solidarités, une association dans le secteur du médicosocial, basée à Paris 11ème. 
Au quotidien, je m’occupe des questions opérationnelles des Directeurs d’établissement (par exemple, tout ce qui touche au temps de travail, congés maternité, disciplinaire etc...) et je me charge de rédiger les courriers de licenciement. Je suis amenée à animer des formations RH (ressources humaines) et juridique. J’accompagne sur des sujets transverses (ex : mise en place de badgeuse…).

Je m’occupe aussi de gérer les alertes au CSE (comité social et économique) qu’il peut y avoir et de mener des enquêtes quand nécessaire. Je mène des audits RH dans nos établissements. J’aide les Présidents de CSE à gérer leur calendrier social. Je gère les contentieux de mon périmètre avec les avocats. 
En termes d’horaires, j'arrive entre 9h et 9h30 et je finis vers 18h et 18h30. Ce poste est un poste Cadre au forfait jour donc pas d’horaire et une certaine liberté dans la gestion de son temps. Pas mal de déplacements en établissements (déplacement en Guyane en juin par exemple). La rémunération est  attractive.

Quelle est la plus grande différence entre l’exercice de ta profession et la faculté ?

La différence entre le droit de la fac et le droit appliqué est qu’on doit adapter le droit à l’activité en entreprise : oui parfois on est limité voir dans l’illégalité mais on doit calculer le risque et voir ce qui est mieux. On attend de nous en tant que juriste un regard d’expert, et il faut savoir réagir vite et bien chercher si on n’a pas la réponse, ne pas hésiter à dire qu’il faut qu’on vérifie car les gens pensent que l’on connait les Codes par cœur. 

Y-a-t-il des choses que tu aurais aimé savoir avant de te lancer ?

Il y a plusieurs moyens d’arriver là où on veut. N’ayez pas peur de recommencer, une bonne partie des anciens ont fait deux années de M1 avant de trouver leur voie. 

As-tu un conseil à donner pour les étudiants actuels de la double-licence? 

Soyez certains de l’excellence d’avoir fait une double licence. Profitez de ces années où malgré le travail vous êtes bien encadrés par des professeurs bienveillants, et profitez de votre ambiance de promo. On est environ 7 anciens de la double licence à vivre à Paris et à se voir régulièrement malgré le fait qu’on ait terminé il y a déjà 4 ans, la double licence permet de créer des liens pour la vie.